lundi 10 novembre 2025

L'espérance de vie d'un sanglier.....

 

Combien de temps vit un sanglier ? Quelle espérance de vie ?

Combien de temps vit un sanglier ? Quelle espérance de vie ?

Le sanglier (Sus scrofa) est l’un des mammifères sauvages les plus emblématiques de nos forêts européennes. Réputé pour sa robustesse, son intelligence et sa grande capacité d’adaptation, il occupe aujourd’hui une place bien particulière dans les écosystèmes français. Mais malgré son allure puissante et sa réputation d’animal coriace, le sanglier n’est pas immortel. Son espérance de vie dépend étroitement de son environnement, de son régime alimentaire, de la pression de chasse et des prédateurs naturels.
Alors, combien de temps vit un sanglier ? Et de quoi dépend réellement sa longévité ? 

L’espérance de vie moyenne à l'état sauvage

À l’état sauvage, un sanglier vit en moyenne entre 8 et 10 ans. Certains individus particulièrement chanceux ou vivant dans des zones protégées peuvent atteindre 12 à 15 ans, mais cela reste exceptionnel. En revanche, dans la nature, la plupart des sangliers ne dépassent pas 5 à 7 ans, car les conditions de vie sont souvent difficiles.

Les principales causes de mortalité chez le sanglier sauvage sont :

  • La chasse, qui reste la cause dominante en France.
  • Les accidents de la route, fréquents dans les zones rurales et périurbaines.
  • Les maladies, notamment la peste porcine africaine ou la brucellose.
  • La prédation, principalement sur les jeunes marcassins.

Ainsi, si un sanglier peut théoriquement vivre plus d’une décennie, la réalité du terrain réduit considérablement cette espérance de vie.

L’espérance de vie en captivité

Lorsqu’il est élevé en captivité, dans des parcs animaliers ou des fermes, le sanglier bénéficie d’une espérance de vie plus longue, souvent comprise entre 15 et 20 ans.
Cette longévité s’explique par :

  • L’absence de chasseurs et de prédateurs naturels.
  • Une alimentation régulière et équilibrée.
  • Des soins vétérinaires adaptés.
  • Des conditions de vie plus stables, sans stress lié à la survie quotidienne.

Cependant, cette vie plus longue n’est pas forcément plus naturelle : le sanglier domestiqué perd une partie de ses comportements sauvages et de son instinct de survie.

Les stades de vie du sanglier

Le cycle de vie du sanglier se divise en plusieurs étapes bien distinctes, chacune avec ses particularités et ses risques.

Le marcassin : la période la plus fragile

À la naissance, les marcassins pèsent entre 700 grammes et 1 kilogramme. Ils sont reconnaissables à leurs bandes claires sur le dos, qui leur servent de camouflage.
Cette période est la plus dangereuse : près de 50 % des marcassins meurent avant d’atteindre 6 mois, victimes de la faim, du froid, des maladies ou de la prédation (renards, chiens errants, rapaces, lynx).

Le bête rousse : la croissance rapide

Vers 6 à 12 mois, les marcassins deviennent des bêtes rousses. Leur pelage devient brun-roux uniforme et leur croissance s’accélère. À ce stade, ils commencent à participer aux déplacements du groupe (appelé « compagnie »), menés par une laie expérimentée.
C’est aussi à cette période que les jeunes mâles commencent à s’émanciper du groupe.

Le ragot et le sanglier adulte

Entre 1 et 2 ans, le jeune mâle devient un ragot. Il prend du poids, développe ses défenses (les canines recourbées typiques) et devient progressivement plus solitaire.
Les femelles, quant à elles, atteignent leur maturité sexuelle vers 8 à 10 mois et peuvent avoir une première portée dès leur première année, même si ce n’est pas systématique.

Un sanglier adulte, bien nourri, peut peser entre 80 et 150 kg, voire plus de 200 kg pour les plus grands mâles.

Les facteurs influençant la longévité du sanglier

La durée de vie du sanglier dépend d’une combinaison de facteurs biologiques, environnementaux et humains.

La disponibilité alimentaire

Le sanglier est un omnivore opportuniste : il se nourrit de racines, glands, fruits, céréales, insectes, petits vertébrés…
Dans les régions riches en ressources (forêts de chênes, cultures de maïs, zones humides), il se développe rapidement et peut vivre plus longtemps. À l’inverse, les périodes de disette ou les hivers rigoureux peuvent fortement limiter sa survie.

Le climat et les saisons

Les hivers particulièrement froids peuvent être redoutables pour les jeunes marcassins, encore vulnérables aux basses températures.
Cependant, le réchauffement climatique tend à augmenter la survie hivernale et la reproduction des sangliers, contribuant à la croissance rapide de leurs populations.

La chasse

La chasse est de loin le facteur principal de mortalité chez le sanglier en France. Chaque année, plus de 800 000 sangliers sont abattus. Cela réduit mécaniquement leur espérance de vie moyenne, surtout chez les mâles adultes, souvent ciblés pour leurs trophées.

Les maladies

Certaines pathologies peuvent réduire l’espérance de vie du sanglier :

  • La peste porcine africaine (PPA), souvent mortelle, est une menace majeure pour les populations européennes.
  • La brucellose ou la trichinellose peuvent également affecter les individus et poser des risques pour la faune domestique.
  • Enfin, la tuberculose bovine a été observée ponctuellement chez des sangliers vivant à proximité d’élevages infectés.

La génétique et la reproduction

Les sangliers ont une grande capacité de reproduction. Une laie peut avoir deux portées par an, de 4 à 10 petits chacune. Cette prolificité compense leur mortalité élevée, mais peut aussi entraîner une certaine consanguinité dans les zones isolées, réduisant la résistance globale des populations.

Comparaison avec d’autres suidés

Pour mieux situer la longévité du sanglier, il est intéressant de la comparer avec celle d’autres membres de la famille des suidés :

  • Le cochon domestique vit entre 10 et 15 ans, voire 20 ans dans de bonnes conditions.
  • Le phacochère africain, souvent victime des prédateurs, dépasse rarement 10 ans à l’état sauvage.
  • Le babiroussa d’Indonésie vit environ 15 à 20 ans en captivité.

Ainsi, la longévité du sanglier se situe dans la moyenne de sa famille, avec des capacités d’adaptation remarquables.

Le rôle du sanglier dans les écosystèmes

Même si le sanglier est parfois perçu comme une espèce « nuisible » à cause des dégâts agricoles qu’il provoque, il joue un rôle écologique essentiel :

  • Il aère les sols en fouillant pour chercher sa nourriture, facilitant la germination de nombreuses plantes.
  • Il régule les populations d’insectes et de petits animaux.
  • Il recycle la matière organique en consommant carcasses, fruits tombés et racines.

La longévité des individus les plus âgés est importante pour la stabilité sociale du groupe : les vieilles laies transmettent leur expérience, guident les jeunes et régulent les déplacements de la compagnie.

Les signes de vieillesse chez le sanglier

Comme chez la plupart des mammifères, le vieillissement du sanglier s’accompagne de changements physiques et comportementaux :

  • Diminution de la masse musculaire et de la mobilité.
  • Usure des dents, notamment des défenses.
  • Réduction de la fertilité chez les laies âgées.
  • Moindre réactivité et endurance lors des déplacements.

Ces signes deviennent visibles à partir de 10 à 12 ans, âge où peu d’individus survivent encore à l’état sauvage.

En conclusion, le sanglier peut vivre jusqu’à 15 ans, voire 20 ans en captivité, mais sa longévité réelle dans la nature dépasse rarement 7 à 8 ans. Les conditions environnementales, la pression de chasse et la disponibilité alimentaire sont les trois principaux déterminants de son espérance de vie. Animal résilient, intelligent et social, le sanglier a su s’adapter aux paysages humanisés et continue d’étendre son territoire en France. Mais sa longévité dépend plus que jamais de la cohabitation que l’Homme lui permet de maintenir avec son environnement.

Par Juliette Garnodier - Dr Vétérinaire - Publié le 29/10/2025dans Ouest France
 

https://lemagdesanimaux.ouest-france.fr/article-600-sanglier-esperance-vie.html


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