Il y a 184 ans, le 28
janvier 1841, une décision rend obligatoire le port de la moustache par
les gendarmes. Cela peut sembler capillotracté, mais c’est une victoire
pour les « pandores ». Le Service des archives et de la Mémoire de la Gendarmerie (SAME) vous explique pourquoi sa pilosité faciale revêt une telle importance pour le hashtag gendarme du XIXe siècle.
Au
XIXe siècle, le gendarme occupe une place de choix dans l’imaginaire
populaire. Son image connaît de profonds changements illustrant toute la
complexité de sa situation et de ses missions. Tantôt croque-mitaine
symbole de l’État et héritier des campagnes napoléoniennes, il apparaît
aussi comme un militaire bonhomme et vieillissant intégré au paysage
rural par le biais des brigades. Le gendarme investit un territoire
vaste, et c’est d’abord par son corps que ces détracteurs vont lui
tomber sur le poil. Son corps est un marqueur identitaire pour
l’institution et ceux qui la composent.
L’écrivain
Georges d’Esparebès décrit les gendarmes comme « d’anciens guerroyeurs
de la vieille France, souples et membrus à l’air martial, qui [font]
résonner le terrain comme la tempête ». Ils dominent la campagne par
leurs silhouettes caractéristiques. Les gendarmes sont grands, au moins
1m70, et large d’épaules. Leur silhouette carrée est encadrée par des
trèfles ou des épaulettes et surmontée d’un imposant bicorne. On attend
d’eux qu’ils se tiennent droits et que leurs voix soient puissantes et
audibles. Et surtout, leurs visages sont barrés d’une fringante hashtag moustache dont
le port et l’entretien sont rigoureusement encadrés par le règlement.
Cette pilosité s’inscrit dans la mode de son temps et agit comme
indicateur de virilité. L’ensemble de ces caractéristiques vise à faire
du gendarme un diapason masculin inspirant le respect par sa seule
présence. C’est également un signe d’ancienneté, certains journaux ou
élus n’hésitant pas à rire des gendarmes imberbes qui peinent à afficher
pareille pilosité en début de carrière.
Pourtant,
en 1836, une loi interdit le port de la moustache aux gendarmes et le
rend obligatoire dans les autres armées. De quoi hérisser le poil des
pandores, qui y voient un déni de leur condition hashtag militaire à
une époque où ils sont moins connus pour la guerre, mais plus pour le
maintien de l’ordre. Il faut attendre 1841 pour que la pilosité faciale
fasse son retour en gendarmerie sous l’impulsion du maréchal Soult. À
partir de 1848, la moustache doit même être accompagnée d’une mouche
chez les officiers afin de suivre l’exemple de Louis-Napoléon Bonaparte.
Son port reste obligatoire jusqu’en 1933.
Site d'un jeune retraité, lorrain mais retiré dans les Cévennes, ayant servi 40 années dans la gendarmerie, adepte de la cuisine, de la chasse, du jardinage (potager) et passionné par la météo.
vendredi 31 janvier 2025
Pourquoi je porte la moustache!
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