vendredi 31 janvier 2025

Pourquoi je porte la moustache!

 Il y a 184 ans, le 28 janvier 1841, une décision rend obligatoire le port de la moustache par les gendarmes. Cela peut sembler capillotracté, mais c’est une victoire pour les « pandores ». Le Service des archives et de la Mémoire de la Gendarmerie (SAME) vous explique pourquoi sa pilosité faciale revêt une telle importance pour le hashtaggendarme du XIXe siècle.

Au XIXe siècle, le gendarme occupe une place de choix dans l’imaginaire populaire. Son image connaît de profonds changements illustrant toute la complexité de sa situation et de ses missions. Tantôt croque-mitaine symbole de l’État et héritier des campagnes napoléoniennes, il apparaît aussi comme un militaire bonhomme et vieillissant intégré au paysage rural par le biais des brigades. Le gendarme investit un territoire vaste, et c’est d’abord par son corps que ces détracteurs vont lui tomber sur le poil. Son corps est un marqueur identitaire pour l’institution et ceux qui la composent.

L’écrivain Georges d’Esparebès décrit les gendarmes comme « d’anciens guerroyeurs de la vieille France, souples et membrus à l’air martial, qui [font] résonner le terrain comme la tempête ». Ils dominent la campagne par leurs silhouettes caractéristiques. Les gendarmes sont grands, au moins 1m70, et large d’épaules. Leur silhouette carrée est encadrée par des trèfles ou des épaulettes et surmontée d’un imposant bicorne. On attend d’eux qu’ils se tiennent droits et que leurs voix soient puissantes et audibles. Et surtout, leurs visages sont barrés d’une fringante hashtagmoustache dont le port et l’entretien sont rigoureusement encadrés par le règlement. Cette pilosité s’inscrit dans la mode de son temps et agit comme indicateur de virilité. L’ensemble de ces caractéristiques vise à faire du gendarme un diapason masculin inspirant le respect par sa seule présence. C’est également un signe d’ancienneté, certains journaux ou élus n’hésitant pas à rire des gendarmes imberbes qui peinent à afficher pareille pilosité en début de carrière.

Pourtant, en 1836, une loi interdit le port de la moustache aux gendarmes et le rend obligatoire dans les autres armées. De quoi hérisser le poil des pandores, qui y voient un déni de leur condition hashtagmilitaire à une époque où ils sont moins connus pour la guerre, mais plus pour le maintien de l’ordre. Il faut attendre 1841 pour que la pilosité faciale fasse son retour en gendarmerie sous l’impulsion du maréchal Soult. À partir de 1848, la moustache doit même être accompagnée d’une mouche chez les officiers afin de suivre l’exemple de Louis-Napoléon Bonaparte. Son port reste obligatoire jusqu’en 1933.




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