jeudi 1 décembre 2016

Il y a 227 ans naissait la guillotine au nom de l'égalité devant la mort

C'est le 1er décembre 1789, que le député Joseph Guillotin, docteur de son état, a suggéré à la tribune de l'Assemblée constituante que soit introduite l'égalité de tous les citoyens devant le juge.

« Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état du coupable, écrit-il dans son projet de loi. Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même (décapitation), et l'exécution se fera par un simple mécanisme ».

Sa proposition va déboucher sur une machine qui connaîtra très vite une immense notoriété et portera, à son grand désappointement, son nom : la guillotine.


À la suite de cette séance et sur une proposition du député Le Peletier de Saint-Fargeau, l'Assemblée constituante édicte le 3 juin 1791 que « tout condamné à mort aura la tête tranchée » (article 3 du Code civil).

The maidden
Dans la foulée, l'Assemblée demande à Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie et ami de Guillotin, de mettre au point la machine à exécuter.

Le chirurgien s'inspire de mécanismes déjà bien connus plusieurs siècles auparavant et reprend une machine d'origine écossaise, surnommée the Maidden (« la Vierge »), avec un tranchoir qui tombe entre deux montants en bois, sur le cou du condamné.

Antoine Louis améliore son mécanisme avec le concours d'un mécanicien allemand, Tobias Schmidt. Il remplace en particulier le couperet en forme de croissant par un couperet en forme de trapèze.


La machine assure selon ses promoteurs une mort immédiate et sans souffrance, à la différence de la décapitation à la hache ou à l'épée (la « décollation », privilège des nobles) ; à la différence également de la pendaison, de la roue ou, pire, de l'écartèlement, supplices réservés aux roturiers.

Elle est essayée à Bicêtre sur des moutons et des cadavres. Nicolas-Jacques Pelletier, en fait les frais pour la première fois le 25 avril 1792. C'est un voleur de grand chemin qui a frappé un citoyen pour lui extorquer ses assignats.

La machine est d'abord appelée « louisette » ou « louison ». Puis, les journalistes parlementaires, mécontents du docteur Guillotin qui, à l'Assemblée, en sa qualité de questeur, leur demandait de bien se tenir, la baptisent « guillotine », non sans s'attirer les protestations de l'intéressé.

Dans l'argot des rues, la machine sera aussi surnommée le « rasoir national » ou la « Veuve », parfois «charlot» d'après le prénom de plusieurs bourreaux de la « dynastie » des Sanson. Les magistrats préfèrent quant à eux le délicat euphémisme : « bois de justice ».
Charles-Henri Sanson 1739-1806

Jusqu'à sa mort, en 1814, le docteur Guillotin regretta d'avoir laissé son nom à la fameuse machine, et, par dépit, n'a jamais voulu la voir en action

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